Au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, à une étape de l’histoire de la pensée économique où prennent forme les prémices de la Révolution industrielle, le rôle prépondérant du capitalisme financier se voit concurrencer par l’émergence d’un mouvement fort différent plus connu sous le nom de « économie sociale ».
En réaction à un modèle qui privilégie la primauté du capital sur la force du travail et le facteur humain, ses promoteurs préfèrent valoriser les références mettant en exergue la solidarité entre les personnes et l’équité sociale. Ce dessein commun déploie des mécanismes mutualistes comme l’absence de capital social, la généralisation d’une démocratie participative adossée au principe cardinal de « un homme – une voix » et un sociétariat à la fois décideur et bénéficiaire des prestations.
Les modes d’organisation sont variables. Selon les besoins et l’activité économique visée, l’économie sociale peut se développer sous la forme d’une association, d’une coopérative, d’une caisse de secours mutuel ou d’une mutuelle d’assurance dès lors que l’objet social porte sur la protection des biens et des personnes.
Acteurs économiques à part entière, ces entités se distinguent aussi des sociétés de capitaux par la promotion d’une utilité collective et la pratique d’une « lucrativité » limitée. Une telle avancée n’est pas une gageure en soi. Force est de constater que, loin d’être une utopie, ce système fonctionne. Pour preuve, l’économie solidaire continue d’irriguer de manière substantielle le développement du secteur de l’assurance en France.
À observer de près, les hommes qui ont été à l’origine de la création des sociétés d’assurance mutuelles sont les dignes représentants de cet activisme économique et politique, teinté de laïcité, de progrès social et d’indépendance d’esprit.
Pour la MAAIF (aujourd’hui MAIF), il s’agit de Jean Laroua, Edmond Proust et Fernand Braud, tous les trois des instituteurs des départements des Deux Sèvres et de la Vendée.
Pour la MAAAF (aujourd’hui MAAF), c’est Jean Trioullier, de profession artisan tailleur de Niort, également du département des Deux Sèvres.
Pour la MACIF, ce sont Jacques Mathé, un industriel négociant en combustible, et Jacques Vandier, polytechnicien, qui ont lancé la mutuelle d’assurance et installé le siège social à Niort, encore une fois dans les Deux Sèvres.
De la même manière, il ressort que le département des Deux Sèvres incarne le berceau de cette mouvance. La raison tient à la survenance du phylloxéra qui a décimé les plantations viticoles (1850-1880) et qui a impulsé cette culture de la solidarité entre les sinistrés frappés par le destin.
Hoang Dieu Tran, Responsable pédagogique
Vidéo Zoom Express : Les Deux-Sèvres et le mutualisme